Les invités de Dries van Noten ont peut-être découvert avec surprise le lieu où allait se tenir le défilé printemps-été 2011 : sur les quais longeant la Seine, dans les soubassements du bâtiment Docks en Seine réhabilité par Dominique Jakob & Brendan MacFarlane. Le producteur Etienne Russo a pu utiliser l'architecture de béton des piliers des anciens Magasins Généraux, les murs graffités, le sol brut pour mettre en scène ce qui aurait pu ressembler à un rendez-vous de malfrats. Comme échappés d'un film de gangsters britannique des années 70, les mannequins – nouveaux venus de la saison pour la plupart – au profil acéré souligné par une lumière crue, tatouages apparents et crâne rasé pour certains, ont pu contribuer eux aussi à dérouter les spectateurs.
Si le film anglais The Long Good Friday a pu influencer cette collection, alternant pardessus, costumes et blousons, ce que l'on remarque pourtant le plus aisément, c'est l'utilisation, inhabituelle chez Dries van Noten, du jean. Celui-ci se décline en chemise de denim uni, en veste avec ou sans manches et en pantalons dont la toile est plus ou moins décolorée, comme tachée. Le denim disparaît alors pour laisser une toile neigeuse, presque entièrement blanche – sans toutefois atteindre la blancheur immaculée de ces silhouettes chaussées de rangers dont on peut trouver l'inspiration dans le film Orange Mécanique.
Comme dans ses collections précédentes, Dries van Noten excelle dans le mélange des matières, l'ajout d'empiècements ou de renforts et la combinaison de motifs à rayures ou à carreaux. Les chemises blanches, elles, tachées de couleurs (bleu, noir, mauve), dont l'inspiration pourrait être l'action painting ou le tachisme d'une toile de Sam Francis, ajoutaient une note esthétique à une collection en apparence plus brute qu'à l'accoutumée.