Nous connaissons le travail de Daniel Sannwald depuis son superbe editorial avec Charlie France et Jacob Coupe.
Nous avons en outre pu visiter l'exposition de ses photographies lors de l'édition 2011 du festival de mode et de photographie de Hyères.
La dernière image de cette nouvelle série, qui rappelle précisément par l'insert d'un collage, l'éditorial sus-mentionné, nous permet de confirmer une référence aux expérimentations aussi bien photographiques que picturales des années weimariennes.
On y voit en effet clairement un hommage à Otto Dix (Bildnis der Journalistin Sylvia von Harden, 1926 - exposé au centre Pompidou à Paris).
(C) Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Claude Planchet
chemise en coton, Emporio Armani / manteau argent rebrodé de perles, Haider Ackermann
crédit : Serge Leblon
"Carte Jeunes", M Le Monde, 19, avril 2011 photographies : Serge Leblon réalisation : Spela Lenarcic-Spinoza coiffure : Tomohiro Ohashi maquillage : Steven Canavan production : Jade Occhipinti modèles : Snejana Onopka, Luka Badnjar
C’est en noir et blanc que Kris van Assche et Willy Vanderperre ont choisi d’évoquer la collection printemps-été 2011 de Dior Homme. Un noir et blanc qui permet cependant toutes les nuances de gris, les trouées de lumière alternant avec la pénombre, et la couleur surgissant même fugitivement çà et là.
Dans ce collage allusif de séquences saccadées, se détache une figure, celle, alanguie, d’un jeune homme filmé dans un moment d’intimité. D'un air paisible, il dort, somnole plutôt, s’étire puis se repeletonne sur lui-même sur un bout de moquette, à même le sol, dans le décor brut et austère d’un hangar.
Dans ce moment pour soi, où il est alors tout à soi, ce jeune homme peut goûter le repos certes, mais aussi sentir naître ce qui le transforme. Filmée au plus près, cette figure allongée, assoupie, est saisie dans une lumière douce tel un croquis, une ébauche qui esquisserait un devenir. Ce jeune homme presque adulte abandonne en effet une part de son passé, une part de lui-même, celle qui le retenait encore à l’enfance, évoquée en couleurs. Les tons pastel des souvenirs qui surviennent suggèrent un univers de jeu, de mouvement, de liberté qui recherchait l’air et la lumière. Retiré dans ce hangar isolé, où ne subsistent que des traces du passé, graffitis, murs délabrés, le jeune homme incarne à lui seul le présent auquel il doit se confronter. Jouer seul, choisir entre la lumière éclatante et la pénombre, trouver sa propre voie, sa propre façon d'exister. Trouver l'équilibre apaisant entre les limites et ces lumières extrêmes comparables au grain de Michael Ackerman.
Cette évocation simultanée d’une vie intérieure et d’un corps encore libre nous rappelle l’univers du cinéaste Gus van Sant qui choisit lui aussi de saisir dans ses films cette subtile transformation qui caractérise l'adolescence. « J’ai envie de faire désormais des films dans mon garage » déclarait-il avant de réaliser Paranoid Park, afin de retrouver une plus grande liberté de composition. Il s’agit alors plus pour le cinéaste d’évoquer que de raconter ; où l’on retrouve la forme mélancolique caractéristique de cette vidéo, procédant par à-coups visuels alternant avec des plans qui fonctionnent tels des leitmotive. De même, le mixage sonore relève de la création d’une atmosphère intime et permet ce faisant de relier les plans entre eux, de dramatiser le montage.
Cette forme de liberté évoquée est également celle que peut trouver le créateur, qui doit chercher sa voie tout en respectant l’histoire. Le luxe de la maison Dior Homme est ainsi interprété par la main de Kris van Assche. Il lui donne une nouvelle ampleur en trouvant une forme d’harmonisation qui correspond à l’atmosphère de ce film : Aller vers une élégance masculine qui soit plus « brute », c’est-à-dire plus sincère également, car plus libre et plus contemporaine. Cette collection en noir et blanc, qui sait dans son épure respecter les codes du luxe, les matières nobles, les coupes sobres, le geste parfait, correspond alors en effet à ce moment où l’on se recentre sur l'essentiel, ses goûts intimes, son bien-être, au-delà de la représentation sociale et de ses codes, un luxe non pas donné à voir mais ressenti à fleur de peau.
Dans ce court film poétique, c’est donc bien l’univers de Kris van Assche qui est évoqué, dans son invitation à la sensualité et la modernité, et dans sa conviction que la création reste toujours de l’ordre de l’apprentissage, d’une recherche permanente, d'un devenir.
The Time I Had Some Time Alone Dior Homme Video Project
Direction Artistique : Kris van Assche Photographie et Réalisation : Willy Vanderperre Stylisme : Olivier Rizzo Modèle : Victor Nylander
This is our selection of the Marc Jacobs Menswear collection for the Fall Winter 2010/2011 season photographed by Willy Vanderperre. (We like the shirt (and the t-shirt) with the stars, the parka and the chesterfield coat paired with slim jeans.)
credit : Marc Jacobs images courtesy of Marc Jacobs
Adrian Bosch appears in the Marc Jacobs spring summer 2011 lookbook photographed by Lachlan Bailey. We love the collection. We invite you to see it on the Marc Jacobs website. http://www.marcjacobs.com/
Le photographe Willy Vanderperre signe les deux dernières campagnes Cerruti, deux exercices de style très différents qui répondent pourtant à cette même et éternelle question : Qu'est ce que l'élégance ?
L'hiver nous propose une série de portraits en pendants – l'homme d'un côté, la femme de l'autre – qui illustrent, en s'inspirant de la peinture flamande, les idées de noblesse et de sensualité, l'idéal classique de la sprezzatura. Comme sur ces panneaux d'autrefois peints sur fond neutre et froid, les modèles prennent la pose, cette pose à la fois figée et gracieuse qui les confirme dans leur élégance tout aussi distante qu'intime. Le mouvement qui s'esquisse dans le port de tête, l'angle dessiné par le corps, la délicatesse des mains leur confèrent une attitude toujours réservée bien que sensuelle. Leur expression discrète et méditative traduit une sensibilité qui reste maîtrisée. Cette sobriété raffinée se retrouve également dans le vêtement, dans sa coupe, son élégance et sa richesse non ostentatoire, dans la manière dont il est porté, à même la peau, ou retenu d'un mouvement presque solennel.
Ces figures hivernales, hiératiques mais bien vivantes dans leur émotion retenue, cèdent la place pour la campagne de l'été à deux personnages mis en pleine lumière, saisis au plus près. Le soleil se diffuse au travers du feuillage d'un arbre ou vient frapper directement leur visage qui l'affronte en toute sérénité. Tels des plans cinématographiques, plongée, contre-plongée, gros plans ou plans moyens alternent pour cadrer une frondaison qui offre sa fraîcheur, un mur presque antique qui se perd au loin, un escalier de pierre qui permet le repos. Par cette belle journée d'été, l'élégance d'un mackintosh ou d'une veste ajustée reste toujours de mise, mais les bras et les jambes alors se dénudent, les manches sont retroussées haut, le col est ouvert. Le soleil incite à la rêverie, à l'abandon.
La pénombre nordique se voit chassée par une lumière vive qui dévoile ainsi les corps de manière plus franche mais toujours aussi subtile, les couleurs profondes des vêtements se sont éclaircies pour offrir des tonalités plus douces. Le calme de l'atelier a cédé la place à celui de la nature à son heure la plus chaude, privée de tout élément perturbateur qui pourrait venir troubler la contemplation de ces deux figures, comme échappées d'un film muet ou d'un tableau impressionniste.
Le couple Cerruti nous semble rester toujours aussi mystérieux, élégant, songeur, qu'il soit placé en pleine lumière naturelle ou sous un éclairage étudié. L'art du photographe confère ainsi au vêtement un caractère aussi altier que celui qu'on peut lire sur ces deux visages.
crédit : Willy Vanderperre pour Cerruti
crédit : Willy Vanderperre pour Cerruti
Le photographe : Willy Vanderperre
Le styliste : Olivier Rizzo
Le modèle : Bastiaan Ninaber
Images courtesy of Cerruti.
Tous nos remerciements à Cerruti.
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